LES FELDGENDARMES
Surnom : Kettenhund (« chiens à chaîne »)
Dans toutes les guerres menées en Occident ces 3 derniers siècles, et c’est encore plus vrai aujourd’hui, lorsque des armées se déplacent sur un territoire, il est des unités « annexes » dont la présence est nécessaire.
Surveiller, guider et régler le déplacement des troupes, assurer la police et la discipline, pourchasser et rassembler les trainards et déserteurs, maintenir la population civile loin du contact des militaires en opérations,… toutes ces missions nécessitent un personnel spécialisé : les policiers militaires.
Au sein des forces armées allemande durant la Seconde Guerre mondiale, c’est la Feldgendarmerie, littéralement la « gendarmerie en campagne » (au sens militaire du terme) qui était assignée à ces tâches.
Histoire
Les origines de la police militaire dans les armées allemandes remontent au XVIème siècle, lors de la création du Feldjägerkorps zu Pferd, renommé par la suite Reitendes Feldjägerkorps par Frédéric II en 1740. Les attributions des membres de ce corps étaient de contrôler la circulation, porter des messages importants et protéger les membres de la famille royale. Il a également servi lors des guerres napoléoniennes.
Au commencement de la Première Guerre mondiale, l’armée allemande disposait de 33 compagnies de police militaire, constituées approximativement chacune de 60 hommes et sous-officiers. A la fin de la celle-ci, on comptait 115 de ces unités, qui furent toutes dissoutes à l’issue.
Durant le Troisième Reich, la feldgendarmerie est une arme ayant reçu une instruction militaire et possédant des pouvoirs de police étendus. Ces formations sont employées au sein des divisions de l’armée et des états-majors, elles sont sous tutelle du haut-commandement pour certaines. Elles travaillent en coopération étroite avec la Geheime Feldpolizei (« Police secrète en campagne », chargée du renseignement et de la lutte contre le sabotage, l’espionnage et la propagande anti-allemande au sein des armées), ainsi qu’avec les commandants de districts militaires.
Il est à noter, par ailleurs, que la Feldgendarmerie est mise en place au début du Second Conflit mondial, elle n’avait pas été maintenue pendant l’entre-deux guerres.
La plupart de ces membres proviennent de la police.
Au sein du haut-commandement de la Wehrmacht (forces armées du Reich allemand), la police militaire est dirigée par un officier-général du grade de generalmajor (général de brigade). Ses subalternes immédiats sont des officiers répartis dans chaque commandement d’armées (terre, air et marine), qui sont responsables d’un ou plusieurs bataillon de Feldgendarmerie.
L’incorporation au sein de ce corps se fait au 1er grade de sous-officier, soit unteroffizier (sergent). Dans le cadre de leurs prérogatives, les feldgendarmes ont autorité sur tous les personnels militaires, la fonction primant sur le grade.
Les effectifs réglementaires de la Feldgendarmerie par unité sont :
– Division d’infanterie = 33 hommes ;
– Division blindée ou motorisée = 47 hommes ;
– Feldkommandantur = 32 hommes.
Une précision sur le terme kommandantur (« commandement »). Il n’y a pas « la » kommandantur, mais :
– Ortskommandantur, pour une ville sans garnison ;
– Standortkommandantur, pour un ville avec garnison ;
– Bahnhofskommandantur, pour les gares ;
– Feldkommandantur, pour une zone de combat occupée par des troupes.
Subordonnées aux bataillons cités ci-dessus, on trouve les truppen. Ces unités élémentaires sont, en théorie, reparties au sein de chaque divisions de la Heer (l’armée de terre) et de la Waffen-SS. Leur composition en hommes, matériels et armements peut-être détaillées selon l’état théorique ci-après :
Personnels :
— 1 officier-commandant ;
— 2 officiers, commandants de peloton.
— Pour le 1er peloton : 41 sous-officiers, dont 1 motocycliste sur engin de 350 cm3, 2 sur side-cars et 8 conducteurs de camions.
— Pour le 2ème peloton : 20 sous-officiers, dont 1 motocycliste sur engin de 350 cm3, 2 sur side-cars, 13 conducteurs de camions et 4 conducteurs-auxiliaires.
Armement :
– 45 fusils ;
– 13 armes de poing ;
– 9 pistolets-mitrailleurs ;
– 5 fusils-mitrailleurs.
Contrairement à une image fausse mais répandues, les feldgendarmes étaient bien plus équipés en fusils (Mauser k98) que de pistolets-mitrailleurs (MP 40 principalement).
– Véhicules :
– 2 motocyclettes de 350 cm3 ;
– 4 side-cars ;
– 17 véhicules légers (4 places) ;
– 4 camions, dont trois de 2 tonnes et un de 3 tonnes.
Les Missions
Sur le territoire national :
– contrôle et régulation de la circulation routière ;
– maintien de l’ordre et de la discipline ;
– contrôle des documents d’identité des militaires en permission et en transit ;
– chasse aux déserteurs ;
– diffusion de consignes quant à la conduite à tenir en cas de largage de tracts de propagande alliée par air ;
– contrôle et redirection des évacués et des réfugiés ;
– contrôle frontalier.
La Feldgendarmerie a autorité pour traverser les routes fermées, les points de passages gardés et pour réquisitionner au besoin l’assistance de tout militaire ou civil.
Sur les théâtres d’opérations et les territoires occupés :
– contrôle et régulation de la circulation routière ;
– maintien de l’ordre et de la discipline ;
– mise en place de signalisations diverses ;
– contrôle des ports, arsenaux et aérodromes ;
– police administrative des étrangers ;
– police administrative de la chasse, de la pêche, de l’agriculture et des forêts ;
– recherche, rassemblement et escorte des prisonniers, déserteurs et traînards ;
– surveillance et contrôle de la population civile.
Les feldgendarmes suivent la progression des unités de l’armée auxquelles ils sont attachés, et assurent une présence continue sur les territoires conquis.
Leur rôle ira en s’accroissant au fur et à mesure du déroulement de la guerre, et de l’agrandissement des zones occupées par le IIIème Reich.
C’est singulièrement dans les derniers mois du conflit que leurs missions prirent une nouvelle tournure, les ordres du haut-commandement étant de faire une chasse impitoyable aux trainards et déserteurs de la Wehrmacht. L’effondrement de l’Allemagne à ce moment là contrastait avec un « durcissement » du régime et de certains chefs civils et militaires, aveuglés par leur fanatisme et la perspective chimérique de l’endsieg, la victoire finale. Il devenait dès lors inconcevable que des soldats fassent preuve d’une quelconque faiblesse au feu, réelle ou supposée. Tous, civils compris, devaient se garder de toute entreprise de démoralisation, défaitisme ou pacifisme, sous peine de mort.
Des cours martiales itinérantes furent mises en place, assurant des jugements rapides et sévères. Gare au soldat isolé de son unité sans solide raison valable, à celui ayant perdu un effet équipement (ou s’en étant débarrassé, l’ayant estimé inutile, comme le masque à gaz)…
L’autre aspect de ce net raidissement du Reich agonisant est la création du Feldjägerkorps (« corps de chasseurs en campagne »), plus tôt il est vrai, car le 27 novembre 1943. Ces unités, dont les soldats étaient triés sur le volet (3 ans de services en 1ère ligne et la croix de fer de 2ème classe sont le minimum exigé) avaient une autorité totale sur l’ensemble des formations combattantes et de maintien de l’ordre des armées, organisations paramilitaires et civiles (incluant donc la Feldgendarmerie elle-même, la SS et les Polices). Leur application et leur sévérité dans l’exécution des consignes draconiennes citées plus haut n’inspiraient que la crainte et la détestation.
Lorsque la guerre s’est achevée, les alliés ont utilisés un grand nombre de feldgendarmes afin de maintenir l’ordre dans certaines villes et au sein des camps de prisonniers allemands.
L'uniforme
Petit rappel : La Feldgendarmerie est activée uniquement en cas de conflit par l’incorporation de membres de la Police ou de la Gendarmerie (« police rurale » dans ce dernier cas). Pour commencer, ceux-ci conservent leur tenues d’origine, « militarisées » par l’ajout d’un aigle de poitrine et d’une bande de bras Motorisierte Gendarmerie (« Gendarmerie Motorisée ») ou d’un brassard Feldgendarmerie. Il semblerait que ce dernier ait été utilisé lors de l’emploi ponctuel d’hommes n’appartenant pas la Feldgendarmerie et travaillant avec elle.
Comme chaque armes et subdivisions d’armes de la Heer (armée de Terre) et de la Luftwaffe (armée de l’Air), la Feldgendarmerie dispose d’un waffenfarbe (couleur distinctive d’arme) orange, qui apparait sur la plupart des coiffes, sur les pattes d’épaule et de col.

La coiffE
La vareuse
– Tous les modèles ont étés portés (1935 à 1943), 1938 pour les officiers.


Les autres effets (pantalon / culotte, capote (manteau), imperméable motocycliste, ceinturon, bottes / brodequins) sont identiques dans leur dotation et leur modèle que pour le reste de l’armée.

Les insignes
Pattes de col (litzen)
Dans la théorie, ils suivent l’évolution de la réglementation avec, notamment, la suppression du waffenfarbe à partir de 1941 (sauf pour les officiers). Dans les faits, et comme leur camarades des autres armes, un certain nombre de feldgendarmes se sont affranchis des directives prescrivant l’adoption du modèle toutes-armes (et donc sans les soutaches orange dans le cas présent). Il semble en revanche, photographies à l’appui, que cela était nettement moins vrai pour le personnel détaché dans ces unités.
Les pattes d'épaules
L’ensemble des modèles, qui on suivit l’évolution de la vareuse, ont étés portés.
L’exemplaire ci-contre d’un feldwebel (adjudant) porte le monogramme de la division Grossdeutschland.


L'aigle de bras
Ce modèle, exclusivement utilisé par la Feldgendarmerie, représente un aigle surplombant une croix gammée, et entouré d’une couronne de feuilles de chêne. La broderie est en fil de coton orange pour les non-officiers et en cannetille (fils métalliques) argent pour les officiers, la svastika restant toujours noir.
Cousu sur la manche gauche des vareuses et des capotes, à 16 cm de l’emmanchure.
Par ordre du 10 Mars 1944 (Heeresmiteilungsblatt 44 n° 158), partiellement suivi d’effet, celui-ci doit être retiré des tenues, pour des raisons de discrétions.
La bande de bras et le hausse de col
Large de 3 cm, elle porte l’inscription Feldgendarmerie en lettres gothiques, encadrée par une soutache de part et d’autre. Les broderies, blanches, sont en fils de coton (en bas) ou realisées selon le procédé BEVO (similaire au procédé « Jacquard », en haut), le tout sur fond brun.
Cousu à 15 cm de l’extremité de la manche des vareuses, et à 1 cm au dessus du parement de manche des capotes (et également des vareuses d’officiers).
Il ne semble pas y avoir eu d’ordre similaire à celui du 10 mars 1944 concernant les aigles de bras, les photographies de époque démontrent néanmoins l’absence de bandes de bras pour certains personnels entre 1944 et 1945.

Enfin, l’élément le plus représentatif et le plus connu de ces unités, le hausse de col, qui est un insigne de fonction uniquement porté en service, y compris au front.
La peinture blanche est phosphorescente, permettant un minimum de visibilité la nuit, notamment pour la police de la route.
Il semblerait, à la vue de photographies, que les officiers ne la portaient jamais .





Plaques d'identités
Quelques exemples ci-contre.
Ont peut également trouver les inscriptions suivantes :
Feldgend. Ers. Rgt. 1
Feldgend. Ers. Abt.
Feldgend. Ausb. Abt. 1
L'équipement
Les autres effets d’habillement et d’équipement sont communs aux modèles standards.
Indispensable pour la circulation, le panneau (winkerkelle) est en dotation pour tous les feldgendarmes.
Attention, le type « polizei », portant la mention « HALT POLIZEI » et le modèle d’aigle cité plus haut – mais de couleur verte, n’était pas en service dans la Feldgendarmerie.


Le diamètre de la plaque a évolué dans le temps, passant de 185 à 150 mm, le centre étant de 35, puis 30 mm.
Le manche a un diamètre de 20 mm et une longueur de 560 mm (dont 70 recouvre la plaque).
La longueur totale de l’ensemble est de 670 mm, et l’assemblage est assuré par des rivets en aluminium.

Signaux à mains
L’une des missions les plus importante de la Feldgendarmerie est d’assurer la police de la route.
Cela inclut la supervision générale de la discipline de conduite des usagers de la route, ainsi que respecter et faire respecter la règlementation appropriée. Cette règlementation est d’autant plus importante dans des conditions difficiles, notamment en terme de météo et/ou de concentration massive d’unités et de véhicules.
Les feldgendarmes agissent dans ce cadre :
– sur les voies d’avancement et de retour, dans les villes, aux intersections, rues à sens unique, déviations, ponts, passages souterrains et goulets d’étranglement, aux points de transfert, notamment lorsque des unités motorisées se trouvent sur ces zones ;
– aux points de ravitaillement, passages à niveaux, aiguillages, installations de stockage, parcs de véhicules, entrepôts et points de transbordement ;
– lors de toutes situations où des problèmes peuvent être attendus à la suite d’une augmentation inhabituelle du trafic (comme après la survenue d’actes hostiles ou de mouvements de réfugiés par exemple).
Le winkerkelle est donc indispensable, tenu de la main droite il « clarifie » les mouvements suivants :
Nos recherches sont hélas incomplètes, nous sommes toujours preneurs de nouveaux éléments. N’hésitez pas à venir échanger sur notre forum, à nous contacter par email ou tout simplement à nous laisser un commentaire 🙂
Un étude intéressante sur un sujet sortant des sentiers battus. Auriez-vous prévu de la compléter par une analyse des troupes de Feldgendarmerie liées à la Luftwaffe ainsi qu’a la Kriegsmarine ? Certes sujets de niche mais sur lesquels il y a beaucoup à dire. Merci
Bonjour
désoler pour la réponse tardive , pour l’ensemble des unités de Feldgendarmerie (Heer, Luffwaffe et Kriegsmarine ) je vous conseil l’achat et la lecture du livre de Gordon Williamson intitulé « KETTENHUND » .